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  • Photo du rédacteurCamille Nicolas

Papillon mon virus

Il ne s’agit pas d’un témoignage relatant des violences sexuelles, physiques ou psychologiques, mais un témoignage pour diffuser des informations primordiales à mon cercle de connaissances.

Le 11 mai 2020 je fête le dé-confinement avec un rendez-vous de contrôle chez mon gynécologue, youpi. Ce dernier fait partie de « l’ancienne école » ainsi il me fait un frottis pour contrôler, jusque là rien d’anormal. « Vous aurez les résultats dans quelques semaines, mais rien ne devrait être grave. »

Le 22 juin, le cabinet m’appelle « Bonjour Madame Nicolas, on aimerait que vous veniez nous voir par rapport à votre frottis » ; le rendez vous est pris pour le 27 juin, un samedi.

J’avoue appréhender ce rendez vous, mais ma mère me rassure en me disant que c’est certainement rien d’alarmant. Alors me voilà partie au cabinet le 27 juin, avec mon plus beau masque sur le nez. Je rentre dans le cabinet de mon gynécologue, et à peine mon corps a-t-il effleuré la chaise face à son bureau que ce dernier entame un monologue :

« Bon Madame Nicolas, votre frottis n’est pas bon », je n’ai même pas le temps de réagir que les mots suivants me heurtent instantanément « Vous avez des cellules pré-cancéreuses au col de l’utérus, en gros c’est une infection à papillomavirus. »

Dans ma tête c’est le vide, j’ai 21 ans et des cellules pré-cancéreuses sur le col de l’utérus. Pré-cancéreuses.

Il ne me laisse même pas quelques instants pour concevoir cette annonce, il poursuit son monologue dans des explications scientifiques sur les différents stades du papillomavirus (bas ou haut grades).

Je le coupe dès que je reprends mes esprits en lui crachant « Mais j’ai été vaccinée contre le papillomavirus, c’est une erreur ! ». Il me regarde, souffle et m’explique qu’il y a en vérité 88 formes de papillomavirus, et le vaccin ne protège que contre une quinzaine de formes, notamment les deux les plus impliquées dans les infections à papillomavirus cancérigènes, soit les HPV 16 et 18.

Et là je tombe dénue, encore. Pourquoi n’ai-je jamais eu ces informations en classe ? Sur les réseaux sociaux ? Par n’importe quel médecin, notamment lors de ma vaccination ?

Second sursaut ; « J’ai toujours été protégée lors de mes rapports, et fait les prises de sang de contrôle VIH et IST, comment ai-je pu être infectée ? »

Sa réponse fut déconcertante ; « Les infections à papillomavirus sont très virulentes, ainsi elles se transmettent par simple frottement, se mettent sur les doigts et traversent les préservatifs. Il se développe uniquement chez les femmes, les hommes ne sont que vecteur de l’infection, ils ont le virus mais ne développent rien, ils le transmettent uniquement. Seulement certains peuvent avoir un cancer à la gorge si l’infection est très avancée. »

Il me parle alors des examens que je dois faire pour savoir exactement par quelle forme d’infection je suis touchée et les potentielles solutions qui se résument à :

  1. L’infection est peu développée, on attend que votre corps tente de l’éliminer par lui même, et on contrôle dans 6mois

  2. L’infection est suffisamment développée pour retirer les cellules pré-cancéreuses au laser ou par la cryothérapie

  3. L’infection est trop développée et on doit procéder à une opération rétrécissant mon col de l’utérus pour retirer la totalité des cellules pré-malignes.

Je sors du cabinet et je m’effondre en larmes, me posant une quantité infinie de questions qui n’avaient jamais effleuré mon esprit ; vais-je pouvoir avoir des enfants ? Si oui, le foetus sera-t-il en contact avec ces cellules pré-cancéreuses ? À quoi va ressembler ma vie sexuelle avec cette infection ?

Et surtout, au-delà de toutes ces questions, pour la premiere fois de ma vie, j’ai la sensation que mon statut de femme est mis à mal, d’être attaquée et blessée sur ma féminité, que je suis encore en train de découvrir, construire. A la sortie de ce rendez-vous, c’est comme si cette dernière avait été anéantie, détruite, tout comme ma potentielle maternité.

Les larmes constituent ma seule réaction, une pharmacienne me regarde avec apitoiement en me disant « Je suis désolée pour vous, vous êtes si jeune ». La colère prend alors une place exponentielle ; colère contre mon corps, contre le manque d’information, contre la rudesse de mon gynécologue, contre moi même d'avoir infecté mon copain actuel.

Une semaine après, une biopsie est faite sur mon col de l’utérus pour analyser les cellules ; aucune anesthésie, certainement l’une des pires douleurs de ma vie, d’autant plus que le gynécologue s’y prend à plusieurs reprises, et sectionne mon stérilet par la même occasion, ce qui accentue la douleur. Je suis littéralement (encore) en larmes sur la table d’auscultation, espérant ne plus jamais faire ce genre d’examens. « Les résultats seront là dans quelques semaines. »


Un mois et demi après, les résultats tombent enfin ; mon infection est de bas grade et nous attendons 6 mois pour que mon corps l’annihile totalement. Le soulagement est immense. Le poids sur mon coeur se retire, mais je sais que j’aurai cette épée de Damoclès au-dessus de la tête toute ma vie, se matérialisant par des contrôles tous les 6mois. Je vais donc apprendre à vivre avec Papillon mon virus.


Protégez vous et faites attention à vous, ça n’arrive pas qu’aux autres. Et surtout, bouffez la vie à pleines dents.


Camille, 21 ans.



 

Butterfly my virus


This is not a testimony about sexual, physical or psychological violence, but a testimony to spread information that is essential to my circle of acquaintances.


On May 11, 2020 I celebrate the de-confinement with a check-up appointment at my gynecologist's, yippee. The latter is part of the "old school" so he gives me a pap smear to check, so far nothing abnormal. "You'll have the results in a few weeks, but nothing should be serious."

On June 22nd, the firm calls me "Hello Mrs. Nicolas, we would like you to come and see us about your smear"; the appointment is taken for June 27th, a Saturday.

I confess that I am apprehensive about this appointment, but my mother reassures me by telling me that it is certainly nothing to be alarmed about. So I left for the office on June 27, with my best mask on my nose. I entered my gynecologist's office, and as soon as my body touched the chair in front of his desk, he began a monologue:

"I don't even have the time to react and the following words instantly hit me: "You have pre-cancerous cells on your cervix, basically it's a papillomavirus infection."

In my head it's emptiness, I'm 21 years old and I have pre-cancerous cells on my cervix. Pre-cancerous.

He doesn't even leave me a few moments to conceive this announcement, he continues his monologue in scientific explanations about the different stages of the papillomavirus (low or high grade).

I cut him off as soon as I come to my senses and spit him out: " But I've been vaccinated against HPV, it's a mistake! ". He looks at me, blows his breath and explains to me that there are actually 88 forms of HPV, and the vaccine only protects against about 15 forms, including the two most involved in cancer-causing HPV infections, HPV 16 and 18.

And there I go again. Why didn't I ever get this information in class? On social networks? By any doctor, especially during my vaccination?

Second start: "I have always been protected during my sexual relations, and took the HIV and STI control blood tests, how could I have been infected? »

His response was disconcerting; "HPV infections are very virulent, so they are transmitted by simple rubbing, getting on the fingers and passing through condoms. It develops only in women, men are only vectors of infection, they have the virus but don't develop anything, they only transmit it. Only some can have throat cancer if the infection is very advanced and oral sex has been practiced."

He then tells me about the tests I need to do to know exactly what kind of infection I am affected by and the potential solutions that come down to :

1) The infection is not very developed, we wait for your body to try to eliminate it by itself, and we check in 6 months.

2) The infection is sufficiently developed to remove pre-cancerous cells by laser or cryotherapy.

3) The infection is too developed and I need an operation to shrink my cervix to remove all the pre-malignant cells.


I leave the office and break down in tears, asking myself an endless number of questions that had never crossed my mind; will I be able to have children? If so, will the fetus be in contact with these pre-cancerous cells? What will my sex life look like with this infection?

And above all, beyond all these questions, for the first time in my life, I have the feeling that my status as a woman is being undermined, being attacked and hurt on my femininity, which I am still in the process of discovering, constructing. At the end of this meeting, it is as if my femininity has been destroyed, destroyed, just like my potential maternity.

Tears are my only reaction, a pharmacist looks at me with pity and says "I feel sorry for you, you are so young". Anger then takes an exponential place; anger against my body, against the lack of information, against the harshness of my gynecologist, against myself for infecting my current boyfriend.

A week later, a biopsy is done on my cervix to analyze the cells; no anesthesia, certainly one of the worst pains of my life, especially since the gynecologist does it several times, and cuts my IUD at the same time, which increases the pain. I am literally (still) in tears on the examination table, hoping that I will never have to undergo this kind of examination again. " The results will be back in a few weeks. "


A month and a half later, the results finally come in; my infection is low grade and we wait 6 months for my body to completely annihilate it. The relief is immense. The weight on my heart is lifted, but I know that I will have this sword of Damocles over my head for the rest of my life, materializing with check-ups every 6 months. So I will learn to live with Butterfly my virus.


Protect yourself and take care of yourself, it doesn't just happen to others. And above all, live life to the fullest.


Camille, 21 years old.


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